Aperçu

L’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or (EMAPE) se définit comme toute activité d’extraction d’or informelle et souvent non réglementée par des individus ou de petits groupes d’individus à l’aide d’outils et de techniques basiques. L’EMAPE est devenue une source alternative de revenus attractive pour les populations rurales pauvres, entrainant ainsi une réduction des activités agricoles et attirant davantage de travailleurs migrants en raison de la hausse continue des cours internationaux de l’or. En outre, dans la majorité des cas et en l’absence d’autres possibilités d’emplois, l’EMAPE est considérée comme une bonne option pour subvenir aux besoins de subsistance.

L’EMAPE peut être décrite comme un type d’exploitation minière à haute intensité de main-d’œuvre, située dans des sites éloignés et isolés, utilisant des techniques rudimentaires, avec de faibles connaissances technologiques, un faible degré de mécanisation et un faible niveau de sensibilisation à l’environnement, à la santé et à la sécurité. À cet égard, le terme « artisanal » fait référence au caractère rudimentaire du type d’exploitation, quelle que soit la taille de l’exploitation. La majeure partie de l’EMAPE a lieu dans des pays en développement où les orpailleurs dépendent de la vente de l’or pour leur subsistance. 

Les activités dans le secteur de l’EMAPE sont pour la plupart informelles et réalisées sans permis ni autorisation légale, rendant difficile une mise en place d’une réglementation efficace. La plupart des gens affirment que c’est la pauvreté qui pousse à l’exploitation minière artisanale. Contrairement à l’exploitation minière à petite échelle, l’exploitation aurifère à grande échelle est régie par un cadre de contrôles réglementaires, de permis et d’inspections, et est soumise à des normes sanitaires, sécuritaires, sociales, environnementales et de gouvernance. 

Le processus

Le processus de l’EMAPE consiste en une série d’étapes comprenant l’extraction du minerai du sol, le concassage du minerai à l’aide d’outils rudimentaires, le broyage du minerai en poudre fine, la concentration et le lavage dans des batées, l’amalgamation pour capturer l’or et enfin la fonte de l’amalgame pour récupérer l’or. L’amalgamation est un processus par lequel le mercure capture les grains fins de l’or en formant un amalgame avec le précieux métal. L’amalgame est ensuite fondu dans un pan en métal à feu ouvert pour que le mercure s’évapore pendant que l’or se dépose au fond. 

Il existe deux méthodes principales d’utilisation du mercure dans le secteur de l’EMAPE: la fusion de minerais entiers et la fusion de concentrés. La méthode la plus répandue dans bon nombre de pays africains est la fusion de concentrés de minéraux lourds, tandis que la méthode avec le minerai entier est courante dans certaines régions de l’Asie. Dans le processus d’amalgamation du minerai entier, le mercure est ajouté au minerai d’or dans des tambours rotatifs dans lesquels le minerai d’or concassé est broyé par des barres ou des boulets en métal dur. Au cours de ce processus, le mercure est battu pour produire de la poudre de mercure. L’or extrait par la poudre n’est cependant pas récupérable, ce qui constitue un manque à gagner financier pour les orpailleurs. 

 Avec la deuxième méthode, un concentré de minéraux lourds est produit à partir de minerai broyé auquel on ajoute du mercure. Il faut un gramme de mercure pour extraire un gramme d’or et moins de mercure s’échappe, contrairement à la méthode d’amalgamation du minerai entier. Cependant, les deux méthodes polluent considérablement l’environnement, portant ainsi atteinte à l’écosystème et à la santé humaine.

L’EMAPE dans le contexte africain

Les activités liées à l’EMAPE ont considérablement augmenté en Afrique au cours des vingt dernières années. On estime à plus de dix millions le nombre de personnes actives dans l’EMAPE à travers le continent, qui courent le risque d’être exposées à des produits chimiques toxiques. L’EMAPE est devenue plus attractive dans certains pays africains en raison de la hausse des cours internationaux de l’or ; ce qui en fait une alternative économique au détriment d’autres activités comme l’agriculture, la pêche, etc. 

Les efforts visant à améliorer les pratiques susceptibles de réduire l’impact environnemental et social associé au secteur de l’EMAPE en Afrique subsaharienne sont restés vains car l’approche descendante des mesures de politique a rendu le changement et la formalisation du secteur compliqués et pénibles. En outre, la réglementation visant à rationaliser les activités de l’EMAPE en Afrique est jugée inadéquate car le niveau d’application demeure faible.

Les mauvaises pratiques environnementales associées à l’EMAPE s’expliquent par le faible niveau d’éducation des orpailleurs, le manque de formation sur la toxicité du mercure et de ses processus de gestion, ainsi que le manque de sensibilisation aux effets nocifs de leurs actions.
Cependant, ces problèmes environnementaux sont négligés par les petits exploitants miniers et même par les autorités de ces pays africains en raison des avantages économiques tirés de ces activités, de sorte que les gains économiques à court terme l’emportent sur les résolutions environnementales à long terme. 

En raison des aspects positifs induits par l’EMAPE dans les économies émergentes tels qu’une croissance économique, une source d’emplois, etc., diverses organisations internationales, autorités, ONG, entreprises et autres parties prenantes s’efforcent d’améliorer le secteur en rendant les conditions de travail plus sûres, plus durables et plus formelles afin qu’il puisse jouer un rôle encore plus important dans le développement mondial. 

Référence

10.1002/jid.1836

Les implications de l’EMAPE en Afrique

En Afrique, l’EMAPE entraîne des conséquences importantes:

  • Importance économique: L’EMAPE est une source importante de revenus pour des millions de personnes en Afrique, surtout dans les zones rurales et pauvres où les autres possibilités d’emploi sont limitées.
  • Impact sur l’environnement: L’EMAPE est souvent associée à la dégradation de l’environnement, notamment au déboisement, à la pollution de l’eau et à l’érosion des sols. L’utilisation du mercure dans l’extraction de l’or peut contaminer les sources d’eau et nuire aux écosystèmes.
  • Risques sanitaires: L’exposition au mercure et à d’autres substances dangereuses utilisées dans le processus d’extraction expose les orpailleurs et les communautés avoisinantes à des risques sanitaires. De graves problèmes de santé peuvent en découler, en particulier chez les enfants et les femmes enceintes.
  • Défis sociaux: L’EMAPE peut faire perdurer des problèmes sociaux tels que le travail des enfants, les conditions de travail dangereuses et les inégalités entre les sexes. Les orpailleurs, y compris les enfants, travaillent souvent dans des environnements dangereux sans protection adéquate.
  • Gouvernance et réglementation: À cause du caractère informel de l’EMAPE, il est difficile pour les pouvoirs publics de réglementer et de contrôler le secteur, ce qui entraîne une perte de recettes et un commerce illégal.
  • Conflits : Les activités d’EMAPE peuvent être à l’origine de conflits entre les différents acteurs, notamment les orpailleurs, les communautés et les grandes sociétés minières, qui se disputent les ressources, les droits miniers et le contrôle des zones minières.
  • Traçabilité : L’or provenant de l’EMAPE peut entrer dans la chaîne d’approvisionnement mondiale par des canaux informels. Il est donc difficile de garantir un approvisionnement et une traçabilité éthiques.
  • Vulnérabilité économique: La dépendance à l’égard de l’EMAPE expose les communautés aux fluctuations des cours de l’or, à la demande du marché et à d’autres facteurs économiques, qui peuvent avoir des effets perturbateurs sur les moyens de subsistance.
  • Efforts de formalisation: Divers partenariats entre les gouvernements, les ONG et le secteur privé visent à formaliser et à améliorer les pratiques de l’EMAPE. Des activités ont pour but de promouvoir des conditions de travail plus sûres, réduire l’impact sur l’environnement et assurer une répartition équitable des avantages.
  • Développement durable: Pour relever les défis de l’EMAPE, il faut adopter une approche équilibrée: reconnaître son importance économique tout en atténuant ses effets négatifs sur le plan social et environnemental. Cela passe par la mise en œuvre de pratiques minières responsables, l’accès à l’éducation et d’autres moyens de subsistance, et l’adoption de mesures de santé et de sécurité pour les orpailleurs et les communautés.

En résumé, l’EMAPE en Afrique présente un ensemble complexe de défis et d’opportunités. Bien qu’elle offre des opportunités économiques aux communautés marginalisées, ses pratiques informelles et souvent non durables contribuent à la dégradation de l’environnement, aux risques sanitaires et aux inégalités sociales. Les efforts déployés pour résoudre ces problèmes sont axés sur la promotion d’une exploitation minière responsable, l’amélioration de la gouvernance et le soutien au développement durable dans les régions touchées par les effets de l’EMAPE.

L’EMAPE, une source majeure de pollution

En dépit des avantages économiques du secteur de l’EMAPE, diverses études ont montré que les activités d’EMAPE entraînent des problèmes environnementaux et sociaux tels que la pollution, les effets nocifs sur la santé et d’autres problèmes liés aux droits de l’homme, notamment le travail des enfants. L’EMAPE est régulièrement citée comme une source majeure de pollution, contaminant l’air, le sol et les plans d’eau, et affectant ainsi la santé humaine et les écosystèmes naturels. De graves problèmes de santé ont été associés à une intoxication par des métaux lourds tels que le mercure et le cadmium lors de l’EMAPE. Par exemple, on estime que la production d’or provenant de l’exploitation minière à petite échelle représente environ 38 % des émissions totales de mercure dans le monde. 

L’EMAPE est une source importante de pollution par le mercure qui affecte également la santé humaine. La pollution se produit principalement lors de deux étapes importantes du processus: l’amalgamation et l’amalgame qui génèrent des vapeurs de mercure en grande quantité. Un rapport de l’OMS montre que la principale voie d’entrée du mercure est l’inhalation d’une forme vaporisée de mercure élémentaire au cours de l’amalgame. Toutefois, la quantité d’émissions environnementales provenant des activités de l’EMAPE dépend de la méthode utilisée. Par exemple, les émissions de mercure dans l’environnement provenant du processus d’amalgamation du minerai entier sont beaucoup plus importantes que celles de la méthode d’amalgamation par gravité. Les émissions de mercure proviennent principalement de l’élimination des résidus miniers contenant du mercure, du processus d’écoulement de l’eau dans les plans d’eau et de l’émission de vapeur de mercure dans l’atmosphère par le processus de fonte. Parmi les problèmes de santé associés à la pollution par le mercure figurent entre autres les dommages aux fonctions cognitives et neurologiques, les handicaps physiques et mentaux chez les enfants.

Les obstacles à la bonne gestion du secteur de l’EMAPE (Défis)

Il existe peu de données et de connaissances sur les quantités de mercure utilisée ou sur l’étendue de la contamination par le mercure et les effets du mercure sur la santé, l’environnement et la société. La plupart des efforts mis en œuvre pour rechercher des solutions aux problèmes de l’EMAPE ont été fondés sur des données incomplètes et inexactes, rendant cette problématique complexe et difficile. Même si certaines parties prenantes détiennent un certain nombre de données et d’informations, dans la plupart des cas, celles-ci sont rarement agrégées ou partagées en raison du manque de coordination entre les parties prenantes. 

Un autre obstacle à la bonne gestion de l’EMAPE dans divers pays est la non-application des lois et règlements miniers existants. 

Il a également été constaté que les campagnes de sensibilisation qui montrent les effets nocifs du mercure sur l’environnement et la santé humaine ne suffisent pas à motiver le changement. De même, l’éducation et la formation relatives aux technologies sans mercure ont été limitées à un faible niveau. D’autres orpailleurs ont avancé que les technologies sans mercure enregistrent souvent un rendement plus faible, raison pour laquelle ils ont été découragés d’adopter de tels procédés. 

Estimation de l’utilisation annuelle de mercure dans l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or (EMAPE)

https://doi.org/10.1002/chem.201704840