Les projets

Le Projet de gestion de la santé environnementale et la pollution en Afrique est le sixième projet quinquennal financé par le Fonds pour l’environnement mondial dans cinq pays africains notamment: le Ghana, le Kenya, le Sénégal, la Tanzanie et la Zambie, la Banque mondiale étant l’organisme d’exécution. Au Sénégal, le projet vise à mettre en place un système destiné à réduire les risques pour la santé environnementale liés aux rejets de POPNI et d’autres produits chimiques toxiques dans certaines municipalités de Dakar. Plus précisément, il soutient les efforts visant à limiter l’incinération à ciel ouvert non réglementée des déchets en supprimant les décharges sauvages grâce à la séparation, le tri, le recyclage, le stockage, la collecte et le transport des déchets municipaux et des déchets dangereux. À cet égard, la composante appuiera la collaboration avec les entreprises privées et l’identification des partenaires pertinents. En outre, le projet mettra en place un système global de gestion des déchets solides urbains et prendra des mesures de sécurisation et d’aménagement des espaces publics (jardins, lacs, bassins de rétention) afin d’éviter la prolifération des décharges et des brûlages à ciel ouvert.  

Composante 1: Le renforcement institutionnel, des connaissances et des capacités. 
Il est urgent de renforcer les capacités en la matière et de réformer le cadre juridique et institutionnel afin de réduire au minimum les POPNI provenant du brûlage à ciel ouvert des déchets urbains et d’autres déchets toxiques. Le projet compte aider le gouvernement du Sénégal à s’assurer que des documents d’orientation officiels adéquats sont disponibles pour soutenir la mise en œuvre de la Convention de Stockholm et de ses amendements. Les meilleures techniques disponibles (MTD) et les meilleures pratiques environnementales (MPE) appropriées seront mises au point et appliquées pour réduire les rejets de POPNI résultant des pratiques de brûlage en plein air. 

Cette composante a pour objectif d’appuyer les initiatives prises par le gouvernement et les communes de Hann-Bel Air et Dalifort en tant que zones cibles initiales, et éventuellement d’autres municipalités de Dakar, pour mettre en place des outils juridiques et institutionnels afin de formuler des systèmes de gestion des déchets et promouvoir la réduction, la réutilisation, le recyclage et le compostage des ressources. Cette composante assurera la coordination des parties prenantes au niveau national et la participation des organismes concernés aux activités régionales d’apprentissage et de partage des connaissances sur le programme relatif aux produits chimiques nocifs. 

Composante 2: Le dialogue sur l’action à mener et l’amélioration de la réglementation.  
Cette composante compte appuyer les efforts déployés par le gouvernement pour renforcer les politiques et réglementations environnementales actuelles ainsi que la capacité de suivi, de contrôle et d’évaluation des risques environnementaux et sanitaires associés aux POP et aux produits chimiques dangereux. Cette composante appuiera l’évaluation de la qualité de l’air dans diverses municipalités et permettra d’élaborer des stratégies visant à promouvoir la réduction des émissions et de l’exposition aux produits chimiques nocifs et aux déchets dangereux. Parmi ces stratégies, on peut citer la collecte de données sanitaires, la formation des agents de santé et la sensibilisation par le biais des établissements de santé. 

Composante 3: La démonstration de l’application d’outils technologiques et d’approches économiques.  
L’objectif principal de cette composante est de soutenir et de mettre en œuvre des mesures visant à établir un système permettant de réduire les risques sanitaires que posent les rejets de POPNI et d’autres produits chimiques toxiques grâce à une gestion écologiquement rationnelle des déchets urbains dans les municipalités de Dakar. Parallèlement à l’amélioration des conditions sanitaires, des stratégies de pérennisation seront initiées par la mise en place d’un système adapté aux réalités locales et accessible à la population. 

Aperçu

Le Sénégal couvre une superficie de 196 712 km2, dont environ 2,1 % sont constitués d’eau. Situé dans la partie occidentale de l’Afrique continentale, le pays partage ses frontières avec la Mauritanie, la Guinée Conakry et la Guinée-Bissau respectivement au nord, à l’est et au sud. Le Sénégal est une république démocratique et décentralisée avec trois pouvoirs: l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire.

Le climat est tropical avec deux saisons: la saison sèche, de novembre à mai et la saison humide, de juin à octobre. La pluviométrie annuelle moyenne suit une pente décroissante de 1200 mm au sud à 300 mm au nord, avec des variations d’une année sur l’autre. Les ressources en eau du pays sont constituées de quatre fleuves et de leurs affluents ainsi que de plusieurs rivières saisonnières.

La croissance rapide de la population sénégalaise, en particulier dans les grandes villes comme Dakar, a entraîné une augmentation significative de la production de déchets ménagers. Le gouvernement du Sénégal et ses agences chargées de l’environnement s’emploient à améliorer la gestion environnementale des déchets industriels et à prévenir le transport illégal de déchets dangereux. Les risques pour l’environnement et la santé sont causés par l’insuffisance et le manque de fiabilité des services offerts par les systèmes de gestion des déchets.

Les problèmes de pollution

Il a été constaté que les décharges sauvages sont encore courantes au Sénégal car les décharges existantes sont surchargées et aucun tri des déchets n’est effectué. Il y a surtout des incinérations occasionnelles pour fournir de l’espace pour les déchets entrants et l’auto-incinération produisant des gaz nocifs à la fois pour l’environnement et la santé humaine. Les services de collecte des déchets sont peu efficaces et le système de recouvrement de taxes sur les déchets est faible. 

Les déchets solides municipaux produits au Sénégal sont composés à la fois de substances inoffensives et toxiques. Les substances toxiques comprennent les produits pharmaceutiques, les produits chimiques, les huiles, les batteries de voiture et les batteries sèches d’appareils électroniques. 

Les décharges à ciel ouvert occupent l'espace et dégradent l'esthétique de la ville. Elles peuvent également provoquer l’obstruction de certaines routes, réduisant ainsi le domaine disponible dans la ville. Les décharges sont le plus souvent exposées, ce qui permet aux déchets légers tels que les sachets en plastique et les papiers d’être transportés par le vent jusqu’aux abords des routes et des zones avoisinantes. L’émission de gaz tels que le NOx, le CO2, le méthane, etc. appauvrit la couche d’ozone et peut entraîner des pluies acides ayant des effets néfastes sur l’agriculture. Les eaux de surface et souterraines peuvent également être contaminées et affecter la qualité de l’eau et des écosystèmes aquatiques.

Au Sénégal, les déchets étant principalement brûlés pour créer de l’espace pour les déchets entrants, il y a une forte production de POP, de dioxines et de furannes dont les effets sont nocifs pour la santé humaine. 

La gestion des déchet

La gestion des déchets à Dakar s’effectue de façon intégrée. L’État, les collectivités locales et les structures privées agissent en amont tandis que les recycleurs locaux constituent l’aval. La gestion des déchets ménagers est principalement entre les mains des communautés locales, tandis que les services techniques de l’État, tels que le département chargé de l’hygiène et de l’environnement, ainsi que les ONG et le secteur privé, interviennent occasionnellement. Il n’y a pas de collecte efficace ni de traitement adéquat des déchets ménagers ou industriels. Les déchets industriels sont traités selon le principe du pollueur-payeur. Un programme a été mis en place dans le pays pour la récupération des produits obsolètes et la dépollution des sites contaminés. Des formations ont été réalisées dans le cadre de la gestion des déchets dangereux grâce à la présence au Sénégal du Centre régional de Bâle pour l’Afrique francophone.

Les déchets collectés par les véhicules de ramassage ne sont pas triés car le pays ne dispose pas d'infrastructures de traitement des déchets suffisantes ; donc les déchets ne sont pas traités avant leur élimination. 

Les facteurs qui entravent une gestion adéquate des déchets au Sénégal sont les suivants: le 
manque de cohérence du système, la gestion des déchets n’est pas prise au sérieux dans le plan de gestion, l’insuffisance des instituts éducatifs et environnementaux, la faible participation du public aux programmes de gestion des déchets, le vide juridique dans certaines questions de gestion des déchets, l’inexistence d’une structure de traitement des déchets dangereux, l’inaccessibilité des zones de collecte en raison de réseaux routiers défectueux. En outre, l’absence de continuité institutionnelle est considérée comme l’un des principaux problèmes à l’origine d'une mauvaise gestion des déchets dans le pays dans la mesure où un changement de gouvernement entraîne un changement dans la gestion et les politiques relatives aux déchet.  
Par conséquent, l’amélioration de la gestion des déchets et de l’état sanitaire dans le pays nécessite une forte sensibilisation environnementale de l’ensemble des acteurs, la mise en place d’infrastructures adéquates et l’amélioration des conditions de travail des agents de collecte. Il convient également de renforcer la taxation de la collecte des déchets ménagers, d’encourager la participation du public et d’introduire davantage de clauses relatives à la gestion des déchets dans les lois et d’en assurer l’application effective. Il est important d’attirer l'attention des communautés locales sur l’importance des activités de récupération et de valorisation des déchets afin qu’elles apprécient les bonnes pratiques de gestion des déchets et augmentent ainsi leur participation à ces activités.

Diverses lois et réglementations ont été adoptées par le Sénégal en matière de gestion des déchets solides: la loi sur le Code de l’Hygiène publique, la loi sur le Code de l’Environnement, la loi sur les Collectivités locales et le Décret réglementant la collecte des déchets. Cependant, ces lois n’ont pas été suivies d’une mise en œuvre et d’une application efficaces en raison de contraintes techniques, technologiques, institutionnelles et économiques.